Une citation pour les curieux :

« Garnier se demandait si ce n’était pas là le comble de l’arrogance : se comporter comme un saint dans un monde de loups. Parce qu’il se comportait comme un saint, ce con. Sa sainteté était une gifle pour tous les autres. » (Vivonne, La Table Ronde, 2021)

. [TAG - Juillet 2020] : une liste d'incontournables récents en SFFF.

Nevertwhere a lancé il y a quelques jours un tag général de la blogosphère, nous invitant à partager notre liste d'incontournables récents de la SFFF. C'est avec plaisir — et fort modestement — que je réponds à son appel.


J'ai aimé beaucoup de mes lectures sans pour autant pouvoir toutes les qualifier d'incontournables, loin de là. Je propose donc une liste de titres qui ont marqué durablement ma mémoire et que je conseille régulièrement aux clients sans hésiter, en particulier en réponse à ces rares demandes qui nous invitent à désigner ce que nous avons tout particulièrement aimé. Le tout en respectant la limite de l'année 2000, au-delà de laquelle certains de mes incontournables se tiennent. Les dates de parutions sont celles des éditeurs français du grand format ou du poche d'origine.

Beaucoup des titres cités par les camarades sont actuellement dans ma pile à lire et me confortent dans mes choix de lecture. La mienne ne sortira pas trop des sentiers battus mais sera tout à fait sincère. Lançons-nous !

La Horde du Contrevent (Alain Damasio, 2004)


Unique incursion — à ma connaissance — d'Alain Damasio dans la Fantasy, ce titre a été ma première véritable claque en matière de lecture. La Horde du Contrevent demeure à ce jour, à mes yeux et de loin, son meilleur roman. L'idée est aussi simple que géniale, brillamment conduite, et le récit haletant jusqu'à sa chute. Damasio est connu pour ses digressions philosophico-politiques, ici beaucoup moins pesantes qu'à l'accoutumée, ou du moins mieux amenées. Les néologismes dont il est également friand n'ont jamais mieux trouvé leur place que dans cet univers, dont ils renforcent la puissance d'immersion et la logique interne. La lecture est exigeante, donc à double tranchant : l'effort requis génère soit la claque, soit l'abandon.

La ménagerie de papier (Ken Liu, 2015) 


Ce recueil de nouvelles est celui que je conseille régulièrement aux lecteurs qui veulent rentrer dans la science-fiction. Grand amateur du format court, Ken Liu est un auteur qui fait preuve d'une grande sensibilité dans son écriture, d'une belle imagination dans le choix de ses sujets et d'une indéniable intelligence dans sa façon de les traiter. Ses nouvelles partent souvent d'un élément précis — il peut s'agir de n'importe quoi — à partir duquel il brode très librement un récit. Ces recueils, généreux en textes, sont de véritables boîtes à merveilles offrant autant de portes vers des imaginaires variés.

Rois du monde (Jean-Philippe Jaworski, 2018)


Rois du monde est un cycle (cinq tomes à ce jour) qui se propose de conter la légende de Bellovesos, une personnage qui aurait vécu au temps de la Gaule celtique et dont on sait finalement bien peu de choses. Plus sombre et plus sérieux que les récits du Vieux royaume, son premier univers, ce cycle constitue à ce jour une de mes meilleures lectures en Fantasy et a définitivement imposé son auteur comme un des grands noms de la francophonie. Le premier tome, Même pas mort, peut dérouter, mais le jeu en vaut largement la chandelle. L'auteur a pour lui deux atouts majeurs qui font la grande qualité de son œuvre : une écriture d'une très grande richesse et d'une très grande acuité — c'est tout simplement impressionnant — et l'important travail de documentation qu'il mène en amont de l'écriture. Pour ma part et jusqu'à nouvel ordre, j'y vais les yeux fermés.

Cérès et Vesta (Greg Egan, 2017) et Acadie (Dave Hutchinson, 2019)


D'aucuns savent que je chéris la collection Une-heure-lumière (Le Bélial) entre toutes, et mes camarades ont déjà cité certains des titres les plus percutants. Je défends ici deux de mes plus grands coups de cœurs. Cérès et Vesta jette le lecteur dans le récit aussi brutalement qu'il en ressort et cependant, en peu de pages, esquisse un background qu'il laisse deviner d'une grande complexité. Greg Egan réussit le pari fou de plonger ce dernier dans une urgence, celle d'un choix cornélien, et de lui permettre de mesurer toute la tragédie que recèlent ses enjeux. Acadie fait mine de ne pas se prendre au sérieux, avec un récit a priori léger et plein d'humour. Habilement, Dave Hutchinson cuisine en douce une chute aussi imprévisible que surprenante.

Vita Nostra (Marina et Sergueï Diatchenko, 2019)


Premier tome d'un diptyque, Vita Nostra est pourtant un roman qui pourrait se suffire à lui-même. Récit initiatique dans le genre Fantastique, il est déroutant par la simplicité de sa trame, qu'il installe au moyen d'une routine vécue par le personnage principal, et la curiosité qu'il sait pourtant susciter chez son lecteur. Il s'avère que le parcours qu'effectue ce dernier dans les premières centaines pages le prépare en réalité à un dénouement hors normes, à l'aboutissement d'une réflexion de fond impressionnante sur le pouvoir des mots. Lorsque les dernières pièces manquantes viennent achever ce mystérieux puzzle, ce n'est que pour couronner le récit par une très belle conclusion, chargée de sens.

Le chronique est disponible sur le blog.

Trop semblable à l'éclair (Ada Palmer, 2019)


Je l'ai déjà dit et ne cesserai de le dire, Ada Palmer porte la science-fiction à un autre niveau. Qu'on ait apprécié ou non ce premier titre (que je cite seul car je n'ai pas encore lu sa suite), il me parait impossible de rester indifférent à son travail. Historienne de formation, Ada Palmer a expliqué elle-même concevoir le genre comme un formidable terrain d'échange entre passé et avenir. Elle expérimente, dans le cycle Terra Ignota, un certain nombre d'idées brillantes à base de "et si... ce serait comment ?". Le mélange est détonnant. C'est brillant, fait avec beaucoup d'intelligence et mis en valeur par une plume magnifique (auquel le travail de traduction fait totalement honneur). Certains passages sont sublimes et ont provoqué mes premières fortes émotions de lectrice.



Et ce sera tout pour moi, pour le moment.
Je vous souhaite un bel été, ainsi que de belles lectures !

 



Commentaires

  1. Oh, deux en communs :)
    J'adore Cérès et Vesta aussi sinon ! Pas fini les Rois du monde de Jaworski mais clair que c'est vraiment original et prenant.
    Vita Nostra squatte ma PàL.
    Belle liste :)

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  2. Belle liste !
    On en a qu'un en commun mais c'est parce que j'ai mis un autre Jaworski :P
    La ménagerie de papier est dans ma PAL depuis des lustres ! A force de le voir passer je vais finir par le sortir un jour ^^

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    1. Je me suis dit exactement la même chose pour beaucoup de titres cités dans les autres listes. XD

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  3. Réponses
    1. Je ne l'ai pas encore lu... XD Et puis la tienne rattrape largement ce manque. ^^

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  4. N'écoute pas le chien critique, il est grognon :P
    Très jolie liste, et effectivement que des bons titres à conseiller pour ceux que j'ai lu (c'est à dire tous sauf Rois du monde où j'attends que le cycle soit complet en poche pour tout lire)

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    1. Folio-SF a deux ans de retard, ça me désespère parce que je l'avais commencé en poche. Je vais finir par prendre le grand format. -_-

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  5. C'est amusant le choix des UHL !!!

    De bons livres dans cette liste.

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    1. L'Homme qui mit fin à l'histoire est une claque, mais je voulais en mettre d'autres qui me tiennent à cœur en valeur. ^^

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