Une citation pour les curieux :

« Garnier se demandait si ce n’était pas là le comble de l’arrogance : se comporter comme un saint dans un monde de loups. Parce qu’il se comportait comme un saint, ce con. Sa sainteté était une gifle pour tous les autres. » (Vivonne, La Table Ronde, 2021)

Il n'y a plus de fauteuil...

... Enfin si, mais il est ailleurs.

(Il a déménagé avec nous, hein, il est juste pas , ne soyez pas si matérialistes)

 Il y a toujours une bibliothèque. Vous me direz, c'est déjà ça.
 

Toujours est-il que 2024 étant pour moi une année de grands changements (positifs, hein, cette fois, je vais beaucoup mieux qu'à l'époque de l'anti-bilan, merci), il est temps de ressusciter (ouh là, tout de suite les grands mots, la dame...) le blog.

Par où commencer ?

La bibliothèque est toujours la bibliothèque, mais plus grande, plus fournie, me hurlant chaque jour au visage qu'il me faut absolument cesser d'acheter compulsivement des livres. Je m'améliore, mais c'est pas encore ça. Que voulez-vous ? Difficile de désintoxiquer un libraire. 

C'est pourquoi l'axe de ma communication livresque change. Il n'est plus question pour moi de communiquer prioritairement sur les nouveautés, dont la course au billet de blog constitue à mes yeux une sorte de fuite en avant particulièrement onéreuse en temps comme en argent, et dont l'intérêt réel ne correspond que rarement à l'investissement fourni. Disons-le d'ailleurs une bonne fois : je n'ai pas le temps de lire tout ce que j'achète, et c'est le cas de beaucoup d'entre nous. J'ai d'autant moins de temps que je suis une lectrice lente, il est grand temps que j'en tienne rigoureusement compte. 

Les nouveautés, j'ai la chance et le plaisir de les critiquer pour Le Bélial' dans le Bifrost depuis quelque temps déjà. Ça me suffit. Mais ne tombons pas non plus dans l'autre extrême qui consisterait à ne plus en chroniquer du tout ; si une nouveauté me plaît, si elle me titille, si je l'attends, je ne me priverai pas d'en faire un retour. Simplement, ne m'attendez pas au tournant de la semaine suivant la parution, je n'y serai probablement pas. 

J'ai une belle et grande bibliothèque, certes, mais j'ai surtout une bibliothèque qui déborde (voire qui dégueule, si on veut employer un terme moins classe). Mon ambition est à présent d'explorer mon propre fonds (ça y est, on l'a ? "Vanille, libraire au fonds de son cœur"...?). Oui, ce n'est pas une faute d'orthographe mais un jeu de mots. Le fonds, dans mon métier, c'est l'ensemble des références qu'une librairie a en stock et propose à sa clientèle sur sa surface de vente (oh là là, elle n'était pas libraire pour rien, cette petite, dites donc). Mon fonds à moi, c'est le contenu de ma propre bibliothèque (mais qui n'est pas à vendre, hein, 'tention). C'est ça que j'ai envie d'explorer, de mettre en valeur, dont j'ai envie de vous parler : de tous ces livres que j'ai eu à un moment ou à un autre envie de lire. Et pour ne rien gâcher, cette démarche s'inscrit aussi dans le fait que je n'ai plus envie de dépenser chaque mois le tiers de mon salaire chez mon employeur (un dixième suffira), ce qui, avouez, a quelque chose de ridicule quand on le répète lentement et à voix haute. 

Je ne suis plus libraire

... Enfin si, mais d'un autre genre.

Que de mystère. Allez, trêve d'effet dramatique : je ne suis plus libraire en surface de vente, ce qui, dans la librairie qui m'emploie, fait déjà une grosse différence de métiers. Mon travail consistera toujours à vendre des livres (libraire, donc), mais pas à vous, gens de passages et autres flâneurs (saccageurs de rayons).

Je suis arrivée au terme d'une période fascinante, plus courte que je ne l'avais prévu à l'origine mais néanmoins enrichissante, pendant laquelle j'ai exercé un métier que j'ai choisi, que j'ai adoré autant que je l'ai détesté et, après avoir définitivement enterré en 2022 (je vous renvoie à l'anti-bilan, bien que l'article reste très élusif sur les détails) toute candeur à ce sujet, j'ai pris la décision il y a quelques mois de laisser cette page se tourner en douceur. Tout libraire resté suffisamment longtemps à son poste sait la beauté et la formidable portée symbolique d'avoir la responsabilité d'un fonds lorsque l'on a la liberté de le faire évoluer (à peu près) à sa guise, et les confrères sauront de quoi je parle quand j'évoque le deuil qu'il y a à faire de l'idée que l'on a de ce métier lorsqu'on le quitte. Je ne suis plus ce libraire-, façonneur de fonds, guide, conseil, éclaireur dans la jungle toujours plus foisonnante d'un système qui vomit sans cesse de la marchandise, capable de faire ressortir la pépite qui vaut votre attention, votre temps, votre argent. 

Ne soyez pas tristes pour moi, je ne le suis pas. Ce n'est pas le métier qui a fauché mon élan tel le blé mûr, mais les conditions de travail en commerce ont très certainement fini de clouer le cercueil dans lequel gisait déjà la candeur d'antan (ha ha, j'en parle comme si c'était il y a 20 ans...).

On papote, on papote. La raison pour laquelle ce petit détour par mon parcours professionnel nous concerne ici (vous, lecteurs de ce blog, et moi), c'est que l'élan qui m'a poussée à choisir ce métier au moment où je l'ai choisi est aussi celui qui m'a poussée à vous écrire, à rencontrer beaucoup de camarades de la petite communauté de l'imaginaire, et à prendre énormément de plaisir à ces rencontres et à ces échanges. Mais c'est aussi et surtout ce que j'ai appris de mon métier qui me conduit aujourd'hui à réajuster le contenu que j'ai envie de vous proposer.

Ceux qui se perdent encore dans le coin sauront que j'ai mis du temps à reprendre le clavier, ce que je ne voulais pas faire sans être en paix avec moi-même, sans avoir trouvé un nouveau lieu, là-dedans, duquel je peux discuter tranquillement avec vous. De la même façon que j'aligne ma vie professionnelle avec des besoins que j'avais jusque là ignorés (Ô, joies du monde du travail), j'aligne ce blog avec la façon dont j'ai envie, moi, de lire et d'écrire.

Je n'ai plus envie de lire

Enfin si, mais autrement. 

C'est le nerf de la guerre, pour les libraires comme pour les lecteurs passionnés. Le moteur sans lequel rien ne va plus. Laisser derrière moi le métier de libraire en surface de vente, c'est laisser un devoir (une obligation implicite) de lecture que je devais avant tout à mon rayon ; c'est laisser la fatigue mentale qui va avec, puisque les libraires n'étant pas des robots (non, madame, on ne lit pas tout, il faudrait un deuxième emploi à temps plein qui n'y suffirait pas non plus...), vient un moment où la qualité de lecture se fragmente et se dégrade. Cela varie d'un libraire à l'autre, mais tous et toutes ont connu cette période plus ou moins longue durant laquelle on a autant envie de lire, sur son temps libre, qu'un cuistot employé à temps plein dans un bistrot a envie de se préparer un bon petit plat en rentrant chez lui le soir. C'est aussi laisser la culpabilité de lire autre chose, un livre pour moi, pas pour le travail. Pour un lecteur lent, c'est l'enfer.

Bref. Tout mon temps de lecture m'appartient à nouveau et ça, c'est formidable. Et les livres que j'ai envie de lire ne sont pas loin : ils sont juste là, à côté de moi au moment où j'écris ces lignes, je n'ai qu'à puiser dans ce formidable fonds que je me suis constitué au fil des ans, selon mes envies, ma curiosité, ma gourmandise... Le fonds de mon cœur

J'ai aussi envie d'un autre ton, moins lisse, moins consensuel, moins scolaire... plus libre

Attendez, je vous vois venir : non, je ne vais pas défoncer les livres que je n'apprécie pas à coups de barre à mine, ça n'a jamais été mon genre. J'ai seulement envie et besoin de quelque chose de plus personnel et de plus intuitif, sachant qu'un livre qui n'a pas fonctionné avec moi est toujours le terreau d'une réflexion sur ce qu'il a pu, malgré tout, m'apporter.

De quoi on parle, alors ?

Mais de la même chose qu'avant, Minus. Côté lecture, il y a des questions auxquelles je n'ai pas encore de réponse : dois-je parler de la petite lecture anecdotique qui ne m'a pas apporté grand chose (ce à quoi était censé répondre le format des Biscuits) ? Dois-je parler de ce que je n'ai vraiment pas aimé (quel intérêt pour vous, pour l'éditeur qui a souvent travaillé dur, de lire une recension entièrement négative au sujet d'un ouvrage ? Quel intérêt pour moi, même, de l'écrire ? Je n'y prendrai aucun plaisir, comme me l'ont déjà démontré certains exemples sur ce blog) ? Pour les recensions courtes, le compte Instagram me semble plus approprié : il est plus visuel (un aspect que la photographe en moi aime beaucoup), plus léger, demande des retours moins élaborés ; on peut aller vite.

Côté imaginaires au sens large, j'aimerais aborder plus librement d'autres médias, d'autres sujets : films et jeux vidéo, notamment, qui constituent une part substantielle de ma consommation d'imaginaire au quotidien. Ce serait un peu mon two cents sur des sujets que j'aurai choisis, qui me touchent, me font réfléchir ou me tiennent à cœur. Je l'ai déjà fait à l'occasion de certains évènements et c'était à chaque fois un plaisir, alors pourquoi le bouder ?

Enfin, il n'y a pas que l'imaginaire. Je n'exclus pas, de temps en temps, une entrée sciences humaines ou autre dont j'aurais envie de vous faire part. En tant que lectrice d'abord, puis en tant que libraire dans un rayon sciences humaines, j'ai fait de très belles rencontres, certaines à même d'éclairer les lectures que je fais par ailleurs dans les littératures de l'imaginaire (si Ada Palmer ne vous donne pas envie de découvrir Hobbes et son Leviathan, je ne sais pas qui le fera...). Les ponts peuvent être surprenants, passionnants, voire insoupçonnés (et parfois il n'y en a pas mais j'en parlerai quand même. Parce que.).

En résumé, je m'offre une plus grande liberté. Pas sûr que j'aie encore envie de me prêter à des exercices redondants et à mes yeux sans grand intérêt tels que les bilans de mes lectures, de mes achats, de mes coups de cœur... Écrire quand je n'ai rien de particulier à vous dire me barbe au dernier degré et d'autres outils sont là pour vous fournir ces informations, j'y reviens après.

Je laisse également derrière mois les défis de lectures, très rarement terminés, bien plus souvent abandonnés en cours de route, qui ne constituent pour moi qu'une énième obligation de lecture, autrement dit un repoussoir tuant dans l'œuf tout désir de me plier à l'exercice. Merci la lucidité qui, à force de me gueuler dans l'oreille que je suis trop lente et trop réfractaire à l'idée de réduire une passion à une obligation calendaire, aura eu définitivement raison chez moi de cette pratique insensée (à mes yeux, hein, chacun son truc).

La lecture, pour moi, est affaire de passerelles. Des conversations, des associations d'idées et d'auteurs, des comparaisons, des mises en perspectives. C'est de cette façon que je me mets à lire : parce qu'à un moment donné, je veux en savoir plus sur ce livre, ce sujet, cet auteur ; parce que je me pose telle question. J'espère pouvoir mieux illustrer, à travers ce blog, à quel point tout cela voyage. S'il m'était permis de rêver que je vous apporte quoi que ce soit, ce serait de voyager à mes côtés, le temps d'un billet, si le cœur vous en dit.

Alors, ça se met comment, tout ça ?

Le blog devrait se consacrer à des contenus sur lesquels j'ai vraiment envie d'écrire, d'élaborer un peu plus longuement. En cela, il ne devrait pas grandement révolutionner la Sardaigne (qui a cette réf...?). La structure, elle, devrait changer : plus au fil de l'eau, sans doute, plus libre, moins formatée. Je pense (je crois ? J'espère ?) qu'il y aura un tournant après cet article. Je garderai certains formats, d'autres pas. Alea jacta est.

Plus visuel, on l'a dit, le compte Instagram comble un caprice personnel : quand je prends le temps de faire un petit truc sympa, j'aime bien faire des mises en scènes, avec du décor et tout. C'est mon délire, laissez-moi donc faire mumuse. Mais le compte Instagram est aussi ce qu'il y aura de plus proche, en ce qui me concerne, d'une communication régulière liée à l'activité du blog. TwiXtter ne remplit plus cet office depuis un moment (pour le mieux) et on ne me trouvera que vaguement sur Bluesky (pour l'instant, du moins).

Pour suivre au plus près mes lectures sans avoir à s'encombrer de ce que j'ai à en dire, ça se passe sur Gleeph, où j'essaie d'organiser mes étagères publiques au mieux pour vous permettre d'y voir clair. 


Allez, et que l'amour soit sur vos têtes. 💛

Commentaires

  1. Merci d'être revenue. Nous suivons ce blog depuis longtemps et sommes curieux de ce qu'il va devenir.

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    1. Votre commentaire me touche beaucoup, d’autant que je sais ce que je vous dois. Merci. ♥️

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