Une citation pour les curieux :

« Garnier se demandait si ce n’était pas là le comble de l’arrogance : se comporter comme un saint dans un monde de loups. Parce qu’il se comportait comme un saint, ce con. Sa sainteté était une gifle pour tous les autres. » (Vivonne, La Table Ronde, 2021)

Noon du Soleil noir, de L. L. Kloetzer, chez Le Bélial' (2022)

 

Paru le 9 juin 2022 chez Le Bélial'
19, 90 € - 288 pages
EAN papier : 9782381630496

Quatrième de couverture

Cela se passe dans la plus grande ville du monde connu. La Cité de la toge noire, la Ville aux mille fumées, donnez-lui le nom que vous voulez, vous y êtes déjà allé, vous y retournerez. Surplombée par le palais du Suzerain et les temples de l’allée des dieux, port maritime autant que fluvial, elle grouille de marchands, de prêtres, de voleurs. On y respire les parfums de pays lointains et la puanteur de la misère. C’est là qu’est né, c’est là que survit Yors, ancien mercenaire devenu un peu philosophe par la force de l’âge et des choses. Mais la sagesse ne nourrit pas son homme et Yors n’a plus un sou en poche quand commence notre histoire. C’est par hasard qu’il va se mettre au service d’un jeune homme, un étranger venu faire des affaires en ville. Pas n’importe quelles affaires : de la sorcellerie. Nul ne l’ignore, les sorciers sont des crapules malhonnêtes, des vendeurs de malédictions, des préparateurs de potions aux doigts sales… Courtois, un brin naïf, certain d’être le meilleur dans sa partie. Il s’appelle Noon, et son emblème est un soleil noir…

Ma chronique 💛

La première chose que l'on remarque à propos de Noon, c'est sa couverture. Et la première chose que l'on puisse dire, donc, c'est que Nicolas Fructus fait honneur au roman et à son univers non seulement avec cette illustration mais également avec celles qui se glissent entre les pages. 

D'un côté, il y a Yors, ancien mercenaire s'efforçant tant bien que mal de continuer à gagner son pain à la ville : c'est que le gaillard n'est plus tout jeune et l'époque des campagnes militaires est derrière lui. De l'autre, le convoi de caravanes en compagnie duquel arrive Noon, un jeune homme aux manières distinguées, apparemment fortuné, un peu candide et légèrement dans la lune... pour ne pas dire un peu largué. Bien opportunément, Yors va se mettre au service du garçon venu faire ses premiers pas dans le lieu qu'il pense être le plus adéquat pour faire commerce de ses talents en sorcellerie.

Se dessine alors très vite un décalage intriguant et drôle entre l'univers de Noon et celui de Yors. Persuadé de proposer un service de grande qualité garantissant le succès de son affaire, le premier se retrouve confronté à des démarches ridicules, des préjugés dédaigneux et des demandes peu sérieuses, sans grand rapport avec son art. Le second s'efforce de compenser tant bien que mal ce décalage et de guider son employeur en lui donnant des conseils et en lui évitant les déconvenues. Le jeune homme a tendance à papillonner et le protéger n'est pas chose facile, d'autant plus que Noon, effectivement doté d'un grand pouvoir (qui n'est encore que suggéré), tutoie des mondes et des forces inquiétants... Et c'est peut-être son tout premier contrat digne d'intérêt, alors que le duo est aux abois financièrement, qui pourrait le conduire tout droit dans la gueule du loup. 
 
En peu de pages, l'auteur réussit à installer un univers avec beaucoup de caractère, à cultiver un solide sense of wonder tout en conservant une certaine légèreté de ton, jouant en permanence avec ce décalage entre le mystère qui entoure Noon et le reste de son nouvel environnement

Court, ce roman constitue une parfaite entrée en matière dans ce nouvel univers et ne présage que du bon pour la suite de cette histoire, à découvrir dans La Première ou dernière (paru le 30 mars 2023).

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