Émissaires des morts, tome 1, d'Adam-Troy Castro, chez Albin Michel Imaginaire (Fr : 2021 ; En : 2002-2016)
Date de parution : 6 janvier 2021
720 pages
Langue originale : anglais (États-Unis)
Traduction : Benoît Domis
ISBN : 9782226443700
Quatrième de couverture
Quand elle avait huit ans, Andrea Cort a été témoin d’un génocide. Pis,
après avoir vu ses parents massacrés, elle a rendu coup pour coup. En
punition de ses crimes, elle est devenue la propriété perpétuelle du
Corps diplomatique. Où, les années passant, elle a embrassé la carrière
d’avocate, puis d’enquêtrice pour le bureau du procureur. Envoyée dans
un habitat artificiel aussi inhospitalier qu’isolé, où deux meurtres
viennent d’être commis, la jeune femme doit résoudre l’affaire sans
créer d’incident diplomatique avec les intelligences artificielles
propriétaires des lieux. Pour ses supérieurs, peu importe quel coupable
sera désigné. Mais les leçons qu’Andrea a apprises enfant ont forgé
l’adulte qu’elle est devenue : une femme pour le moins inflexible, qui
ne vit que pour une chose, « combattre les monstres ».
Ma chronique
Émissaires des morts constitue le premier tome d'un diptyque publié par Albin Michel Imaginaire sur les aventures d'Andrea Cort. Quatre nouvelles introduisent chronologiquement le roman éponyme et permettent de donner sa consistance au personnage, véritable pilier de la série consacrée à ses missions.
On appréciera chez ce protagoniste la rigueur avec laquelle Adam-Troy Castro a envoyé bouler tous les archétypes : peu d'informations sur le physique de cette femme, caractère de chien, passé moche, vie de merde, honnie de presque toute la galaxie et gardée en vie pour la seule raison que ses talents sont utiles au Corps diplomatique, pour lequel elle travaille. Sans fioriture, Andrea Cort est froide, cinglante, méfiante, sourit peu et s'avère un rien asociale. Bref, elle est efficace, et c'est tout ce qu'on lui demande. Un protagoniste avec lequel il peut s'avérer difficile de sympathiser à la lecture, mais qui a l'immense mérite d'aiguiller l'attention sur les réflexions qui sous-tendent la complexité de ses missions.
J'en arrive donc au deuxième aspect marquant de ces récits : les réflexions qu'ils portent sur notre rapport au non humain, entre espèces qui auraient investi la galaxie et se côtoieraient sur un pied d'égalité. Dans chacune des missions confiées à Andrea Cort, il est question d'interroger des concepts dont l'humanité n'aurait plus le monopole : la justice, la liberté, l'indépendance, l'amour... Et d'autres encore au sujet desquelles elle devrait confronter son point de vue à celui d'autres formes d'intelligence : la diplomatie, le commerce ou encore le premier contact. Chacun de ces aspects est développé de façon intéressante par l'auteur, qui bâtit ses enquêtes autour d'autant de points délicats ou de zones d'ombre des cas auxquels elle se frotte.
Les amateurs des deux genres apprécieront certainement l'indéniable côté polar des aventures d'Andrea, et en particulier la forme whodunnit que prend Émissaires des morts. Adam-Troy Castro fait évidemment durer le plaisir en dévoilant chaque élément clé avec parcimonie et en ménageant son suspense, jusqu'à un dénouement à la Hercule Poirot, l'enquêtrice dévoilant méticuleusement le détail de ses affaires. Les amateurs de science-fiction apprécieront quant à eux la description des mondes cylindriques et le pouvoir des intelligences artificielles, ce dernier point ayant fait l'objet de développements particulièrement poussés.
Je passe pourtant à côté du texte, par manque de points d'ancrage suffisamment captivants à mon goût. Andrea Cort est un personnage qui m'intéresse sans m'émouvoir, l'univers dans lequel elle évolue attire mon attention sans parvenir à me captiver réellement. J'ai traversé les cinq enquêtes en observatrice lointaine, peu concernée par ses aventures et vaguement stimulée par les sujets de réflexions proposés. J'en sors avec l'impression qu'Adam-Troy Castro n'est pas parvenu à départir son écriture de la froideur et des méthodes de travail très cliniques de son personnage, ce qui en a fait à mes yeux un texte assez terne à la lecture.
Il serait toutefois dommage de s'en détourner. Objectivement, les qualités du récit sont incontestables et expliquent sans mal qu'il ait déjà conquis autant de lecteurs, dont beaucoup de camarades. Et je ne délaisserai pas pour autant le deuxième tome, curieuse de voir où Castro a mené Andrea Cort !
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