Une citation pour les curieux :

« Garnier se demandait si ce n’était pas là le comble de l’arrogance : se comporter comme un saint dans un monde de loups. Parce qu’il se comportait comme un saint, ce con. Sa sainteté était une gifle pour tous les autres. » (Vivonne, La Table Ronde, 2021)

Les Montagnes hallucinées, de H. P. Lovecraft, chez J'ai Lu (2002 pour la version lue ; 1936 pour le texte original)

 

 
Fantastique (n° 4326)
Paru le 19/09/2002
256 pages
Langue originale : anglais
Traduction : Simone Lamblin, Yves Rivière
EAN : 9782290319055

La quatrième de couverture

Au cours d'une expédition en antarctique, deux scientifiques mettent au jour, derrière une chaîne de montagnes en apparence infranchissable, les vestiges d'une ancienne cité aux proportions gigantesques. Pendant cinq ans, un vénérable professeur d'université devient la proie d'étranges visions. Cherchant à comprendre ce qui l'a « possédé », il découvre en Australie des ruines plus qu'antédiluviennes cachées au regard des hommes.
En visitant les dédales et recoins de ces lieux maudits, tous vont observer des fresques évoquant l'arrivée sur terre d'entités d'outre-espace. Et constater que la menace de les voir reprendre le contrôle de la planète existe toujours... 

Ma chronique 

Et voilà que je fais une première incursion tardive à la fois dans l'univers de Lovecraft et dans le fantastique horrifique, un genre pour lequel je n'ai actuellement aucune inclinaison. Mais lecture de fonds oblige, encouragé par la curiosité, je me suis lancée dans Les Montagnes hallucinées. Première erreur : je croyais avoir entre les mains un roman de taille modeste, en fait de quoi je me retrouve avec deux novellas. Le premier texte est en effet accompagné de Dans l'abîme du temps, plus court.

Le registre est soutenu, un grand soin est apporté à des descriptions approfondies de tous les éléments qui entrent en scène. Un style soigné et touffu qu'on retrouve chez un Tolkien, par exemple, époque de rédaction oblige : il faut tout imaginer dans un monde où on n'est pas encore abreuvé.e.s d'images au quotidien.

Au fond, les deux novellas suivent le même schéma : un protagoniste a été le témoin direct de découvertes datant d'une époque préhumaine et qui remet en question notre compréhension de l'histoire de notre planète ; après avoir cherché à effectuer des recherches dans des lieux encore inexplorés, ces effroyables découvertes l'ont convaincu de s'en ouvrir au monde et de décourager toute tentative de fouilles supplémentaires, espérant que l'ombre qui menace sera laissée dans l'oubli ; le tout sans savoir s'il sera cru ou pris au sérieux. Les différences sont finalement minimes : tandis que la première expédition fait des victimes, la seconde n'en fait aucune mais implique directement son narrateur et son vécu personnel.

Mais ces récits, alourdis tant par leur minutie du détail que par une profusion de formules hyperboliques récurrentes, ont échoué à m'emmener dans le malaise qu'ils sont censés susciter. Lovecraft ne se mouille en réalité jamais vraiment et ne fait qu'esquisser les contours d'un danger supposé que ses narrateurs ne font qu'effleurer. Si le fantastique se manifeste bien par les décors "antiques" visités et l'atmosphère qui y règne, l'horreur, elle, n'est que suggérée et largement laissée à l'interprétation du lecteur à travers les commentaires des narrateurs. Les créatures décrites - les Anciens, les shoggoths... - sont si farfelues qu'il m'a été difficile de m'en faire une représentation mentale qui tienne la route, et de toute façon trop complexe pour être effrayante.

En somme, je m'y suis profondément ennuyée, au grand désarroi de quelques amateurs de Lovecraft que je compte parmi mes contacts. Je ne compte pas délaisser Lovecraft pour autant et donnerai sa chance à l'un de ses recueils de nouvelles. Je pense aussi jeter un œil à cette version illustrée tout récemment par François Baranger. Bref, ce n'est que partie remise !
 

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