Une citation pour les curieux :

« Garnier se demandait si ce n’était pas là le comble de l’arrogance : se comporter comme un saint dans un monde de loups. Parce qu’il se comportait comme un saint, ce con. Sa sainteté était une gifle pour tous les autres. » (Vivonne, La Table Ronde, 2021)

Tamanoir, de Jean-Luc A. d'Asciano, Aux forges de Vulcain (2020)

 

La quatrième de couverture

Dans le cimetière du Père-Lachaise, au petit matin, trois meurtres. Non : deux. Car une des victimes se relève, prend son chat sous le bras et s’enfuit. Quand il apprend ces meurtres dans le journal, Nathanaël Tamanoir, un privé anarchiste et volontiers querelleur, se dit qu’il faut qu’il fouine. Il va fouiner, mais à sa manière. En créant le maximum de chaos possible.

Ma chronique

J'aime beaucoup les quatrièmes des forges, courtes et efficaces. Pour mon premier noir, j'ai choisi Tamanoir. La couverture, déjà, interpelle : sont-ce les nombreux chats qui toisent le lecteur qui lui fait face, ou bien la croix plantée au milieu qui m'a décidée ? L'affection que je porte désormais à cette maison n'y est en tout cas pas pour rien. 

Premier noir, donc, et quel noir. Jean-Luc A. d'Asciano, à qui l'on devait déjà Souviens-toi des monstres - et qui, avec beaucoup d'humour, en rappelle lourdement l'existence dans ses remerciements - y adopte un style nerveux, incisif, rythmé de jeux de mots et de références à foison. Nathanël Tamanoir, un personnage atypique et décalé, porte cette intrigue jusqu'au portes du Père-Lachaise, non loin de... la porte des enfers. Ou un truc du genre.

Parce que l'irrévérencieux et indécrottable fouille-merde qu'est Tamanoir va, dans son enquête, glisser rapidement d'une affaire plutôt banale qui sent pas bon à un dénouement complètement fumé, et plus précisément glisser du noir au fantastique un peu sale à grands coups de pistolet en plastique chargés d'eau bénite et de jets de pisse anti démon nourris à la bière. Si, si. Et je n'ai rien dit du démon déguisé en chat.

Autant dire que quand on en sort, force est de constater que cette affaire a viré au n'importe quoi, mais sans manquer d'humour une seule seconde. Pour couronner le tout, le propos n'est pas exempt d'une certaine forme de critique sociale que l'auteur ne se prive pas de glisser entre deux péripéties du Tamanoir. Vous ne pourrez pas dire que vous vous attendiez à ça.

Affaire à suivre ? Monsieur d'Asciano, vous avez tout de même placé la barre du délire assez haut !
 

Le pense-bête du libraire

Genre/Fréquence : roman, one-shot noir/fantastique.
Autres titres notables de cet auteur
- Aux forges de Vulcain : Souviens-toi des monstres, 2019.
Le pitch en une phrase : Nathanaël Tamanoir se lance dans une enquête sur un mystérieux meurtre et, en remontant sa piste, va côtoyer de près le surnaturel des bas-mondes...
Ce qui peut piquer la curiosité du client : Un roman complètement décalé, qui n'hésite pas à inclure du fantastique et de la critique sociale. Mélange explosif.
Les atouts à mettre en avant : Drôle, rythmé et la chute, comment dire... pour le moins imprévisible ! 
Les éventuels freins à l'intérêt du client : Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il faut rentrer dedans... et y rester. Certains ne partagerons pas ce récit délirant jusqu'au bout, c'est certain.  
À qui je conseillerais : aux amateurs de noir comme de fantastique qui ont la curiosité d'un mélange délirant des deux genres, mélange qui va loin. À déconseiller aux lecteurs sensibles à la thématique du diabolique, du démoniaque ; lecteurs sensibles à la crudité de certains détails et scènes à avertir.


 
 
 
 
 

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