Une citation pour les curieux :

« Garnier se demandait si ce n’était pas là le comble de l’arrogance : se comporter comme un saint dans un monde de loups. Parce qu’il se comportait comme un saint, ce con. Sa sainteté était une gifle pour tous les autres. » (Vivonne, La Table Ronde, 2021)

Dehors, les hommes tombent, d'Arnauld Pontier, chez 1115 (2020)

 La quatrième de couverture

" Il s’apprête à franchir un tertre, lorsqu’il entend le bruit. Le son caractéristique d’une vague déferlante. Il relève la tête : à trois kilomètres, devant lui, les flots se soulèvent, comme si un gigantesque animal se déplaçait sur le fond de l’océan, remontait des abîmes vers la rive. Il entend le bruit de ses pas, puissants, qui font résonner la terre. Lorsqu’un bras colossal, de treize mètres de long, surgit de l’eau, dans une extraordinaire gerbe blanche, et projette, loin devant lui, un trait de cuivre acéré – un rayon de diadème –, il comprend qu’il est la cible, que le dieu solaire qui s’est détaché du sommet de la tour l’a attendu afin d’accomplir sa vengeance. La vengeance de toute l’Humanité."

De notre civilisation, ne reste que des traces, des ruines, des monuments oubliés. Et un Semblant. Un Semblant qui parcourt la planète depuis des centaines d’années, à la recherche d’une voix, d’une chanson, d’un souvenir peut-être. Portant ses pas jusqu’aux confins de la mémoire, là où les territoires qui avaient un nom n’ont plus d’histoire, il lui faudra affronter ce que réserve le passé aux enfants de la fin des temps, dans une ultime tentative de corriger le cours des événements.

Ma chronique 

J'ai lu peu d'auteurs capables de ramener à quelques pages une réflexion passionnante qui a en a déjà produit des centaines de milliers. "Dire que l'on regrette n'a aucun sens, aucune légitimité, martèle Arnauld Pontier dans la bouche de son protagoniste. On ne peut pas regretter. On peut seulement dire que l'on réalise. C'est plus juste. Il n'y aura jamais de paix, jamais de fin. Jamais de pardon." La magie s'opère dans ce mille-feuille réflexif sur des interrogations qui ont fait les belles heures de la métaphysique, sur fond d'effondrement - ici acquis de longue date - des civilisations humaines. 

Le dernier Semblant, androïde doté d'une intelligence artificielle qui excède désormais de loin celle de l'humain, réalise sa propre introspection à coups de questions existentielles. En s'interrogeant sur lui-même, il interroge l'humanité : celle des humains, évidemment - peut-être perdue à jamais -, et la sienne - mystérieuse, inaccessible. Il en interroge le sens, les limites, les conséquences, aussi bien à l'échelle individuelle qu'à celle de notre espèce. Il en interroge le passé, le présent et l'avenir.

Ce point de vue extérieur se veut lapidaire, parfaitement détaché et demeure malgré tout très humain. On dit après tout que le fruit ne tombe jamais bien loin de l'arbre... La réflexion est profonde à bien des points de vue et merveilleusement menée, car l'auteur a voulu que s'installent dans cette créature ayant surpassé son maitre les doutes et la quête de sens de ce dernier. Une conclusion délicieuse, qui confirme que la nouvelle n'a de nihiliste que l'apparence, n'est pas dénuée d'optimisme et d'un certain humour. 

Le tout en quelques 80 pages, s'il vous plait. 

Le pense-bête du libraire

Coup de coeur
Genre/Fréquence : novella en hard science-fiction/anticipation.
Autres titres notables de cet auteur (bibliographie complète) : 
chez 1115 : Sur Mars (novella, 2019) ;
chez Rivière Blanche : F.E.L.I.N.E. (trilogie, intégrale parue en 2020).
L'auteur a également publié en poésie et en jeunesse.
Le pitch en une phrase : Un Semblant, dernier androïde sur Terre ayant contribué à l'extinction de l'espèce humaine et parvenu au bout de sa tâche, s'interroge sur le sens que doit désormais prendre son existence.
Ce qui peut piquer la curiosité du client : un point de vue extérieur à l'humain, lointain et dépassionné, sur le sens de son extinction.
Les atouts à mettre en avant : une invitation à réfléchir sur les aspects existentiel et métaphysique de la disparition de l'humanité ; un propos intéressant et apaisé, car dénué des passions et émotions qui peuvent entourer le sujet ; une écriture qui mêle à la fois précision terminologique et poésie.
Les éventuels freins à l'intérêt du client : c'est un texte profondément réflexif, qui prend son temps, dépourvu d'action et de rebondissements. Il ne peut donc pas a priori être conseillé à des lecteurs qui recherchent ces caractéristiques dans leurs lectures. Bien qu'il ne soit pas prégnant, l'aspect hard SF peut rebuter une part de lecteurs qui tolère mal dans sa lecture une trop grande précision terminologique concernant les aspects techniques et scientifiques mis en avant par le récit.
À qui je conseillerais : à tout amateur de science-fiction et d'anticipation, à tout lecteur intéressé par des thèmes tels que l'IA, le transhumanisme, voire aux amateurs de philosophie.
Peut être rapproché de : Helstrid, de Christian Léourier, chez Le Bélial ; il en partage les thèmes et mène une réflexion similaire, quoique moins légère, plus approfondie.




Commentaires

  1. Je n'ai encore jamais lu Pontier. "Sur Mars" est sur ma PAL. Mais tu vends si bien celui-ci que je pourrais bien commencer par "Dehors, les hommes tombent"...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'attends "Sur Mars" avec deux autres titres. La maison a piqué ma curiosité. ^^

      Supprimer
  2. Faites des émules ! Merci de votre soutien ! J'attends vos avis avec impatience :)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Votre mot doux...